L’aéronautique fait rêver depuis toujours : voler, explorer le ciel, participer à des projets technologiques de pointe… Pourtant, ce domaine est encore entouré de nombreux clichés. Certains freinent les vocations et donnent une vision faussée de la réalité. De la perception d’une industrie exclusivement masculine à l’idée qu’il faudrait obligatoirement être ingénieur pour y entrer, beaucoup de préjugés persistent. Décryptons-les avec quelques exemples.
« L’aéronautique, c’est un métier d’hommes »
Pendant longtemps, les métiers de l’aviation ont été associés à une image masculine, notamment en raison des figures emblématiques comme Charles Lindbergh ou Antoine de Saint-Exupéry. Pourtant, les femmes ont marqué l’histoire : Amelia Earhart, première aviatrice à traverser l’Atlantique en solitaire en 1932, ou encore Hélène Boucher, pilote française recordwoman de vitesse dans les années 1930.
Des pionnières comme Valérie André, première femme générale de l’armée française et pilote d’hélicoptère, ou Béatrice Vialle, première femme française à piloter le Concorde, montrent que les femmes ont marqué l’histoire de l’aviation. Plus récemment, Dorine Bourneton, originaire du Puy-de-Dôme, est devenue la première femme pilote de voltige en situation de handicap et figure de la détermination française.
Historiquement, l’industrie aéronautique et spatiale compte une large majorité de profils masculins, notamment dans les métiers techniques. Néanmoins, la situation évolue progressivement. Aujourd’hui, les femmes représentent environ 24 % des effectifs du secteur. Parallèlement, elles accèdent de plus en plus à des postes de responsabilité, que ce soit dans l’ingénierie, le pilotage ou la direction.
L’un des principaux obstacles est le désintérêt relatif des filles pour les matières scientifiques, souvent perçues comme moins attrayantes que pour les garçons. Ce constat est d’autant plus évident dans les choix d’orientation au lycée où, en 2022, seuls 35,9 % des bacheliers scientifiques étaient des filles, contre 47,9 % en 2020.
Pour élargir le vivier de talents féminins dans l’industrie aéronautique, plusieurs actions sont mises en place par les entreprises et structures éducatives.
« Travailler dans l’aéronautique, c’est forcément être pilote »
Quand on parle d’aéronautique, beaucoup imaginent immédiatement la carrière de pilote de ligne, symbole de prestige et de rêve pour les passionnés d’aviation. Pourtant, les pilotes ne représentent qu’une minorité des effectifs : moins de 10 % des emplois de la filière aéronautique et spatiale. La grande majorité des carrières se situent au sol, dans l’industrie, la maintenance, la logistique, l’ingénierie, ou encore la recherche.
Le secteur aéronautique est une véritable chaîne de compétences :
- La conception et l’ingénierie : ingénieurs en aérodynamique, concepteurs de systèmes embarqués, designers industriels pour les cabines.
- La production et la maintenance : mécaniciens aéronautiques, chaudronniers, techniciens composites, experts en impression 3D.
- La sécurité et la logistique : contrôleurs aériens, planificateurs de vols, responsables supply chain.
- Les services associés : qualité, achats, informatique, cybersécurité, mais aussi métiers commerciaux et marketing.
Chaque décollage est le fruit d’un travail collectif impliquant des centaines de personnes, de la conception des pièces au suivi opérationnel des appareils.
Nationalement, la filière aéronautique et spatiale emploie plus de 300 000 personnes, dont une majorité dans les métiers techniques et industriels.
« Il faut être ingénieur pour travailler dans l’aéronautique »
Si les ingénieurs jouent un rôle clé dans l’aéronautique, ils ne sont pas les seuls acteurs du secteur. De nombreux métiers ne nécessitent pas un diplôme d’ingénieur et sont tout aussi essentiels, à tous les niveaux, de la conception à la maintenance, en passant par la fabrication des aéronefs.
L’aéronautique regroupe une grande variété de professions allant de la maintenance aéronautique à la logistique, en passant par l’usinage, le design industriel et l’assemblage. Techniciens, opérateurs spécialisés, contrôleurs qualité et agents de production sont autant de professionnels indispensables au bon fonctionnement du secteur.
En fait ces métiers sont accessibles deux manières différentes. Tout d’abord par des formations spécialisées (en principe celles dont le nom intègre le mot « aéronautique ») : ce sont les CAP aéronautique, bac professionnel aéronautique, chaudronnier aéronautique, etc. Ensuite, ces métiers sont accessibles par le biais de formations non-spécialisées, car l’industrie aéronautique a aussi besoin de compétences non-spécifiques, communes à d’autres filières. Ce sont par exemple les formations qui mènent aux métiers de : usineur, rectifieur, technicien méthode, etc.
De nombreux professionnels issus de parcours non conventionnels ont réussi dans l’aéronautique. Par exemple, des techniciens de maintenance ayant suivi un BTS aéronautique ou des chaudronniers ayant obtenu un CAP peuvent évoluer et accéder à des postes à responsabilité grâce à l’expérience et la formation continue.
« Les entreprises aéronautiques sont toutes internationales et éloignées »
Les grands maîtres d’œuvre comme Dassault, Thalès, ou Safran
dominent l’industrie aéronautique, en France comme à l’international. S’ils leur siège social est en général implanté dans de grandes métropoles, ils disposent aussi de sites industriels sur tout le territoire métropolitain : SAFRAN est ainsi le plus gros employeur de la filière en Auvergne-Rhône-Alpes, avec près 3000 employés déployés sur 7 sites différents et bientôt une huitième sur la Plaine de l’Ain. Mais ce ne sont pas les seuls acteurs : de nombreuses PME et TPE contribuent à la fabrication et à la maintenance des avions et de leurs sous-ensembles, offrant ainsi des emplois locaux et variés.
Ainsi, il faut souligner que la filière aéronautique est particulièrement dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes. Car plus de 350 entreprises sont implantées dans ce territoire, allant de la start-up innovante à l’équipementier spécialisé. Pour en citer quelques exemples :
- Duqueine Group dans l’Ain : Spécialiste des matériaux composites, cette entreprise fournit des solutions innovantes pour l’aéronautique, notamment en structure et pièces complexes.
- EKTRO en Haute-Loire : Entreprise experte dans la conception de faisceaux de haute fiabilité, contribuant notamment aux systèmes embarqués des aéronefs.
- Novaressort dans la Loire : Fabricant de ressorts techniques et de pièces métalliques destinées à l’aéronautique et à d’autres industries de haute précision.
- Thermi-Lyon dans le Rhône : Leader dans les traitements thermiques et thermochimiques, jouant un rôle clé dans l’amélioration des propriétés mécaniques des pièces aéronautiques.
- NTN en Haute-Savoie : Acteur majeur dans la fabrication de roulements et systèmes de transmission, essentiel aux composants mécaniques des aéronefs.
- SMOC Industries en Isère : Entreprise experte dans la conception et la fabrication d’outils de brochage pour l’industrie aéronautique.
Grâce à ce maillage industriel, il est possible de faire carrière dans l’aéronautique sans nécessairement partir à l’étranger ou s’installer dans de grandes métropoles. Les écoles et centres de formation régionaux collaborent étroitement avec les entreprises locales pour offrir des opportunités d’apprentissage et d’emploi.
Le secteur aéronautique est en pleine mutation et offre de nombreuses opportunités aux jeunes talents. Déconstruire les idées reçues permet d’ouvrir le champ des possibles et d’encourager une nouvelle génération à s’y engager. L’accessibilité des métiers, la forte capacité d’innovation et l’ancrage territorial sont autant d’arguments qui contredisent les préjugés.
