L’industrie aéronautique et spatiale, à l’instar de nombreux secteurs techniques, compte historiquement une majorité de profils masculins. Les métiers techniques y sont traditionnellement moins représentés parmi les femmes, mais cette tendance évolue progressivement. La diversification des profils dans la filière est aujourd’hui un enjeu important, notamment dans un contexte de pénurie de compétences.
Les chiffres de la mixité dans l’aéronautique
La part des femmes dans les effectifs de l’industrie aéronautique atteint aujourd’hui environ 24 %. Cette progression reste lente mais régulière. On observe également une représentation croissante des femmes dans des fonctions à responsabilité, que ce soit dans l’ingénierie, les postes de pilotage ou les fonctions de direction. Néanmoins, des disparités subsistent entre les métiers techniques et les fonctions administratives ou commerciales.
Un frein & des leviers d’action
Le principal frein est que les jeunes filles sont moins intéressées que les garçons par les matières scientifiques, dont l’enseignement est indispensable pour exercer un métier technique. Et c’est bien dommage, car ces métiers offrent de belles perspectives.
Plusieurs leviers existent pour élargir la base de recrutement dans les métiers techniques. Parmi eux, un travail sur la représentation des métiers industriels et techniques, qui influence les choix d’orientation dès le collège ou le lycée. Ou encore l’amélioration de visibilité de modèles féminins dans ces professions, qui peut éveiller l’intérêt des jeunes filles pour ces carrières.
Les statistiques récentes de l’Éducation nationale révèlent une sous-représentation persistante des filles dans les parcours scientifiques du baccalauréat, malgré une augmentation progressive jusqu’en 2020.
Elles sont aussi et surtout moins nombreuses à choisir des cursus scientifiques.
- 1965 : les filles représentaient 36,3% des bacheliers scientifiques
- 2020 : Cette proportion a atteint un pic à 47,9 %, marquant un haut niveau historique.
- 2022 : Une baisse notable est observée, avec seulement 35,9 % de filles parmi les bacheliers scientifiques, soit environ 36000 élèves.
Cette diminution coïncide avec la réforme du lycée de 2019, qui a remplacé les séries traditionnelles (S, ES, L) par des spécialités à la carte. Cette réforme a entraîné une baisse brutale de 60 % des effectifs féminins dans les parcours scientifiques, contre 30 % pour les garçons. En conséquence, en 2022, un garçon avait 2,3 fois plus de chances qu’une fille d’obtenir un baccalauréat scientifique, un écart inédit depuis 1965.
Selon les données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), la répartition des élèves par spécialité en Terminale générale montre que les filles ne choisissent pas les disciplines scientifiques, (exemple : les sciences de l’ingénieur comprennent 86 % de garçons).
Des leviers mobilisés pour favoriser l’attractivité
Afin de répondre aux besoins en recrutement et d’élargir le vivier de talents, de nombreuses entreprises du secteur aéronautique déploient des actions ciblées. Cela passe par des visites d’entreprises, des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires, ou encore des dispositifs de mentorat.
À Issoire, par exemple, l’entreprise Constellium a récemment accueilli des lycéennes dans le cadre de l’opération « Féminisons les métiers de l’aéronautique », en partenariat avec plusieurs établissements de la région.
Former et orienter dès le secondaire
Au-delà de ces actions ponctuelles, certaines structures comme AERO METIERS ou l’École de l’air et de l’espace développent des programmes d’information et de formation spécialisés pour encourager une plus grande diversité dans les recrutements. En rendant visibles les opportunités offertes par les métiers de l’aéronautique et du spatial, ces initiatives contribuent à diversifier les profils d’entrée dans la filière.
Conclusion
Face aux enjeux de renouvellement des compétences, l’industrie aéronautique et spatiale s’engage dans une démarche d’ouverture à une plus grande diversité de parcours. La part des femmes progresse modestement mais régulièrement, et c’est le fruit des efforts menés par les entreprises, les associations et les institutions éducatives, pour trouver des leviers concrets d’action.